Paquebots et oiseaux migrateurs : signes d’automne à Québec et chant du cygne pour le 400e

L’arrivée prochaine de l’automne à Québec et dans la région est marquée à la fois par une fréquence plus grande de paquebots, ces navires de croisière géants que l’on voit presque chaque jour arrimés dans le Vieux Port de Québec et les fascinants voiliers de milliers d’oies blanches et autres sauvagines qui envahissent la région.

Paquebots et navires de croisières :

  signe avant-coureur de l’automne à Québec

par Alain Lavallée

Depuis la fin du Moulin à images, c’est peut-être davantage la visite des paquebots « migrateurs » qui animent les quais du Port de Québec. J’écris que ce sont des paquebots « migrateurs », parce que la saison des ouragans qui déferlent sur les Antilles et le sud des États-Unis d’août à novembre, chasse les navires de croisière de leur parcours habituel. Cette année, ce sont Fay, Gustav et Ike qui pour le moment ont causé le plus de dommage dans les Antilles et le sud.

Ces paquebots font une migration saisonnière pour venir dans nos eaux nordiques plus fraîches et plus calmes. Cette migration coïncide aussi avec l »été des Indiens » qui colore joliment nos forêts de l’est de l’Amérique du Nord à cette période de l’année.(Cet « été des Indiens »  est un phénomène naturel qui est presque devenu mythique suite à la chanson de Joe Dassin « L’été indien », qui a connu un grand succès en Europe).

(« l’été indien » de Joe Dassin, petit vidéo: http://fr.youtube.com/watch?v=GO6s_EB-zU4   )

Plusieurs croisiéristes offrent à leur clientèle, pendant cette période, des croisières d’une durée entre 6 et 10 jours. Ces croisières ont généralement comme point de départ Philadelphie, New York ou Boston et longent la côte est des États-Unis. Elles font escale dans certaines grandes villes états-uniennes, parfois dans certaines villes des provinces maritimes, puis au Québec. La plupart se rendent à Québec. Il y a néanmoins quelques-uns de ces paquebots qui comme l’Aurora ont fait une croisière transatlantique qui a duré alors plus de trois semaines. (P & O Cruise offre des croisières Angleterre- NY- Québec, Costa offre des croisières de Nice à Québec, etc. )

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AURORA

Des amateurs viennent à leur rencontre, les photographient. Nombre de passagers en profitent pour visiter la ville de Québec lors de leur escale. Une trentaine de visites de paquebots en septembre, puis plus d’une vingtaine d’autres en octobre. Il y en a de tous les formats et pour tous les goûts. Pour les amateurs de ces navires dont quelques-uns sont des géants, voici l’hyperlien vous permettant d’avoir accès à la liste des navires attendus au Port de Québec, ainsi que l’horaire où ils seront accostés.

http://www.portquebec.ca/index.php?option=com_wrapper&Itemid=97

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EURODAM

Si vous consultez cette liste, en cliquant sur le nom d’un navire vous aurez accès à la fiche technique de ce navire: sa capacité maximale de passagers, le nombre de membres d’équipage, sa longueur en mètres, son tonnage, le site web de la compagnie qui en est propriétaire, etc. .  Par exemple, le plus grand paquebot qui vient à Québec cette année est l’ « Explorer of the Seas ». Battant pavillon bahaméen, il fait 311 mètres de long, accueille jusqu’à 3840 passagers, peut compter sur les services de 1180 membres d’équipage, recèle 14 ascenseurs, 3 piscines extérieures, un terrain de basketball, etc.  Son tirant d’eau est de plus de 8 mètres, il ne peut se rendre jusqu’à Montréal.

Ah oui, j’oubliais, il jauge plus de 137 000 tonneaux, quand on sait que Champlain et nos ancêtres arrivés au XVIIe siècle ont traversé l’Atlantique sur des esquifs de l’ordre de 60 à 120 tonneaux… L’« Explorer of the Seas » est venu le 2 et le 16 septembre et il reviendra de nouveau à deux reprises. Malheureusement, il accostera au quai 103. À ce quai il est impossible de s’approcher de ce bateau (les employés de Ports Canada à ce quai ont d’ailleurs été très impolis, heureusement sur les autres quais de 19 à 23 les employés sont très avenants.)

D’autre part, il y a maintenant tellement de compagnies qui offrent ces services touristiques de croisières que certaines tentent de se distinguer en offrant de nouveaux « produits » à leur clientèle. Sur ce plan, la ville de Québec a beaucoup à offrir (certaines publicités de grandes entreprises croisiéristes ciblent leurs clients états-uniens en clamant qu’en visitant Québec, ils y trouveront un air de France sans avoir besoin de traverser l’Atlantique).  D’ailleurs les passagers du grand croisiériste Holland America ont classé la ville de Québec au premier rang de leurs préférences (sur les itinéraires Nouvelle-Angleterre-Maritimes-Québec). Il faut dire que les croisiéristes se retrouvent à la descente du paquebot en plein cœur du quartier historique du Vieux-Québec (Place Royale, le  Musée de la Civilisation, le Château Frontenac et le quartier Petit Champlain, cafés-terrasses, etc.).

Certaines entreprises de croisière offrent aussi un détour via le fjord du Saguenay. D’ailleurs, les gouvernements du Québec, du Canada ainsi que les municipalités concernées ont dévoilé un programme d’investissements conjoints dans les infrastructures portuaires de certaines villes du fleuve (dont Sept-Îles, Saguenay, etc.) de manière à leur permettre d’accueillir certains de ces navires de croisières, mais aussi dans l’espoir éventuellement d’attirer d’autres entreprises européennes de croisières dans les eaux du fleuve et du golfe Saint-Laurent. Actuellement il y a un quai en construction au Saguenay, au coût de 33 millions de $ pour accueillir ces mégabateaux, les avis sont partagés, mais le projet va de l’avant. On peut en suivre l’évolution à l’adresse suivante: http://www.toutlemondeabord.com

En 2009, Sept-Îles espérait accueillir des navires de croisières et  amener leurs passagers à visiter un village amérindien (innu).

Croisières à Québec: record de touristes en 2010

La notoriété acquise par Québec en 2008 lui a permis d’attirer de nouvelles entreprises internationales offrant des croisières.

En 2010, un nouveau record annuel d’achalandage, le quatrième de suite, dans le secteur des croisières internationales. Avec 102 274 passagers, une hausse de 18 % par rapport à 2009, le port a franchi, pour la première fois, le cap des 100 000 passagers dans une année.

Oies blanches et outardes:

second signe de l’arrivée de l’automne

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(photo de Carole Lafond-Lavallée)

En plus de ces paquebots migrateurs, la région en aval de Québec et de l’Île d’Orléans commencera à accueillir au cours des prochains jours les premiers représentants du vaste troupeau d’oiseaux migrateurs principalement des oies des neiges (oies blanches), mais aussi des bernaches (outardes), et des canards barboteurs (canards noirs et sarcelles).

Ces oiseaux migrateurs séjournent environ deux semaines dans l’estuaire du fleuve. Ils s’y nourrissent principalement de rhizomes (racines) de scirpe, une plante qu’ils trouvent en abondance sur les battures du fleuve. Ils font une escale entre leurs aires de reproduction où ils ont passé l’été (Arctique) et leurs aires d’hivernage, situées plus au sud, vers la Baie de Chasepeake et les Carolines.

Au printemps 2008, le troupeau d’oies des neiges qui est passé par l’estuaire du St-Laurent en route vers le  grand Nord a été estimé à environ 800 000 individus. Les biologistes estiment que la reproduction a été exceptionnelle cet été dans l’Arctique. Elle a gonflé le troupeau de 26 %, alors qu’habituellement le taux de croissance par la reproduction est de l’ordre de 20 à 22%.

Le troupeau d’oies des neiges qui actuellement redescend graduellement de l’Arctique est évalué à plus d’un million d’individus, c’est probablement le niveau le plus élevé depuis quelques décennies. Il doit parcourir un bon 3000 kilomètres avant de faire escale dans notre région de l’estuaire du St-Laurent.

C’est un spectacle magnifique que l’on peut observer soit sur la Rive-Nord,ou sur la Rive-Sud de l’estuaire. Sur la Rive-Nord, la Réserve nationale du Cap Tourmente, située à une quarantaine de kilomètres de Québec est un lieu privilégié pour l’observation.

(Les activités d’observation autour de l’oie des neiges se dérouleront du 27 septembre au 26 octobre, avec une pointe habituellement entre le 5 et le 20 octobre, à marée basse les oies sont plus éloignées de la rive, quand la marée monte elle se rapproche et l’observation est plus facile. Il y a quelque chose d’enchanteur dans ce phénomène, quand des dizaines de milliers d’oie s’envolent, leurs cris, etc. )  pour plus d’informations:   http://www.captourmente.com

Sur la Rive-Sud de l’estuaire, les oies s’éparpillent entre Saint-Vallier et Cap Saint Ignace, en passant par l’archipel de Montmagny  (Isle aux Grues, Île aux Oies, etc. ).

Sur la rive nord il y a un « Festival de l’oie des neiges » près de Cap Tourmente à St-Joachim » il se déroule du 8 au 11 octobre.Pour informations sur la programmation des activités:  http://www.festivaldeloiedesneiges.com

Sur la Rive-Sud, il y a le « Festival de l’oie blanche de Montmagny », du 8 au 11 octobre. Pour des informations sur la programmation des activités, consultez:   http://www.festivaldeloie.qc.ca/accueil.html

Ce n’est pas un phénomène nouveau que cette grande migration. Jacques Cartier avait noté en 1535 alors qu’il remontait le fleuve la présence de ces milliers d’oies, « oultardes » et canards. Le père jésuite Paul Lejeune  a aussi décrit l’existence de ce phénomène dans les Relations des jésuites de 1633.

L’estuaire du St-Laurent compte aussi des mammifères marins que l’on peut observer : trois espèces de phoques, deux espèces de petits rorquals (baleines à fanons) et trois espèces de baleines à dents (bélugas, marsouins et dauphins à flancs blancs). Il va de soi que si vous continuez un peu plus loin en aval vous pouvez croiser d’autres types de baleines, autres géants des mers. Allez bonne observation! C’est la saison. Rendons grâce.