Commentaires sur les spectacles de Daran, Jamie Liddell, Shibuza Shirazu orchestra, Yelle, Nojazz, Philippe Lafontaine et Zoé, Yves Lambert et son Bébert Orchestra, Claudio Cinelli, quelques slammeurs dont Ami Karim, Jérôme Minière, David Marin, Kodiak…. qui se sont tenus à la Grande Place du 400e de Québec en 2008.
Musiques et spectacles du 400e de Québec
par Alain Lavallée
Il y a eu plus d’une centaine de spectacles à 20 heures du 3 juin au 28 septembre à la Grande place. J’en ai vu plusieurs dizaines. Tout au long de la saison, j’ai pris des notes … Je vous présente mes impressions. Ce n’est pas un palmarès, pas un classement, davantage un florilège. Ce sont des performances, des attitudes, ou parfois simplement une phrase que j’ai aimées… sans ordre aucun. Je ne connaissais pas, ou peu la plupart de ces artistes. C’était à eux de percer la cuirasse de mon ignorance s’ils voulaient me toucher. Certains m’ont jeté par terre, d’autres m’ont fait sourire, certains m’ont laissé plutôt indifférent, mais ils créaient tellement d’effets sur les gens présents que cela mérite d’être souligné.
(Dans mon billet du 7 juin «la Grande place de l’Espace 400e» je présente, avec photos, cette salle pouvant accueillir environ 800 personnes. En cours de route, j’ai aussi présenté une dizaine de spectacles qui s’y sont déroulés dans différents billets. Cliquez sur la catégorie «Musique» dans la colonne de droite et vous y trouverez une douzaine de billets traitant de spectacle ayant eu lieu durant le 400e de Québec).
Une petite phrase : «Cabaret citoyen» de l’Institut du Nouveau Monde, le 16 août
Samedi soir. Semaine de l’école d’été de l’Institut du Nouveau Monde, soirée de « cabaret citoyen ». Des étudiants, des jeunes prenaient place sur la scène de la Grande Place. Différents numéros se succédaient: prise de parole, poésie, slam, danse, musique. J’en retiens cette jolie phrase citée par Yann Perreault « « Seul j’irais plus vite, mais ensemble nous irons plus loin » » qui traduit bien cette semaine de la jeunesse et du dialogue (voir billet du 14 août « Déclaration jeunesse de Québec »).
Daran:
le moment « chaud de guitares avec un supplément d’âme » (France)
Un mercredi soir. 23 juillet. Les vacances. Le Moulin à images de Lepage est à son apogée.
Salle comble à l’Espace 400e pour Daran. Des adeptes, mais aussi une majorité de touristes. J’en suis un.
Daran et ses musiciens s’installent en silence. 4 guitaristes, dont un bassiste, et un percussionniste. Daran s’avance lentement. Ils entament en douce, le « petit peuple du bitume ». Puis ils enchaînent sans parler entre les pièces, « La télévision », puis « mort ou vif », « T’es belle », « Gala, Gala », « Mouvement des marées » « Au moins » , « Caméra surveillance ». Il boucle la boucle en reprenant le « petit peuple du bitume »… 60 minutes, nous venons d’assister au déploiement d’une force tranquille. Daran, pièces puissantes comme une rage qui couve, un magma en fusion. Musique et émotions d’abord contenues, paroles lucides parfois déchirantes, puis une musique qui nous submerge et nous ébranle, avant de faire ressurgir une force nouvelle. Les spectateurs sont secoués, impressionnés, soulagés. Un tsunami les a emportés.
Daran a laissé parler sa musique et ses chansons. Après une heure, il remercie les spectateurs de leur « écoute religieuse » et dit simplement que c’est un immense honneur pour lui d’être à Québec. (Daran et ses musiciens viennent de rendre sur scène avec un supplément d’âme, tout leur dernier CD, le « Petit peuple du bitume »). Poète du quotidien, du social, il raconte sa quête d’amour, d’absolu, d’amitié. Après avoir dit qu’ « on ne peut pas sortir de sa vie en claquant la porte ». Il exprime toutes les émotions qu’on peut déduire de cet enfermement et les vit, les assume. Patience, rage, tension, fusion, apaisement, catharsis, rédemption.
Puis en seconde partie, ils s’éclatent. Ils reprennent des chansons des albums précédents qu’ils se sont amusés à réarranger. Les chaises, quelles chaises ?… Tout le monde debout, chaud, show, chaud…Daran et la salle ne font plus qu’un. Merci à ceux qui l’ont invité (cadeau de la France ?).
Voici un ancien vidéo « Dormir dehors » qui avait valu un immense succès à Daran en 1995 (il avait même reçu à ce moment le Félix de l’artiste de la francophonie s’étant le plus illustré au Québec, mais par la suite il a beaucoup écrit pour d’autres Pagny, Maurane, Halliday, etc. Toutes des petites choses que j’ignorais)
Jérôme Minière:
Le multitalentiste qui se fait discret
Samedi soir le 21 juin. En cette journée du solstice d’été, Jérôme Minière nous fait goûter au talent de ses sons qu’il invente et rebidouille sans cesse. Il électronise ses portées afin de nous mélodiser. C’est un chercheur d’or, doublé d’un orfèvre. Il recisèle ses mots, mais sans chercher à nous donner de leçon. Il n’y a que le son et « l’étincelle des mots qui éclairent ». Il nous funke une chanson sur la dépression nerveuse, nous embarque dans un hommage à l’hiver. Il nous « amène dans un magasin qui n’existe pas afin d’y acheter du silence » et nous dit que somme toute « la jeunesse est vieille comme le monde ». Casquette irlandaise, personnage hybride empruntant au farfadet et au feu follet, venant on ne sait d’où (« mon pays n’a pas de nom, le vôtre aussi »). Il faut le voir en spectacle… musique puissante, mais retenue, afin d’arrimer les sons au fuselage de la mélodie. Artiste aux multiples talents que ce Jérôme Minière.
En répétition accompagné par les musiciens de Karkwa
http://www.youtube.com/watch?v=bAcgeX0zU-Y
puis un clip de Disque dur miniature une chanson de son dernier CD, « Cœurs » ,
http://www.jeromeminiere.ca/02_ff.asp
Jamie Liddell
La «bête de scène» (Angleterre)
Le jeudi 31 juillet, Jamie Liddell a conquis les spectateurs de la Grande Place. Tantôt il se fait crooner et chante a capella « Parlez-moi d’amour ». Tantôt il lance une chanson simple, rythmée efficace, on dirait un classique des Beatles. Puis oups ça dérive en funk, en jazz, puis il prolonge le tout aux tables et devient DJ en transe. Il se met au piano et joue quelques mesures à la Jerry Lee Lewis, puis oups, ça devient un vieux twist et hop, 10 minutes au synthétiseur comme s’il était un musicien des Doors. La musique enfle, se gonfle, submerge, les paroles sont englouties. Il connaît bien le patrimoine anglo-saxon des 50 dernières années. Éclectique, il emprunte et surfe sur tous les styles. Efficace. De la musique? il adore et il en mange.
Voici «A little bit of feel good«, un extrait de son CD «JIM»
Philippe Lafontaine
La maestria du grand maître quand-tout-fout-le-camp : (Zoé, Lafontaine, Maurane, le calme belge)
Le 10 juillet, un cadeau de Bruxelles, la capitale de Belgique offre un spectacle pour le 400e de Québec… Zoé, Philippe Lafontaine, Maurane. Malheureusement, mauvaise salle… il y a des gens qui bouffent sur la mezzanine, ça parle beaucoup entre amis… et les artistes ont adopté la formule spectacle acoustique, pas de chance. Ils n’auront pas 10 000 décibels pour décourager les jaseurs trop nombreux en ce bel après-midi ensoleillé… Zoé, en robe de soirée, vient chanter quelques chansons, accompagnée d’un pianiste. Très intense, ses chansons sont porteuses d’un humour belge. Elle est très près de Brel dans certaines interprétations. Elle parvient de haute lutte à capter l’attention de la salle. (Il aurait fallu que son spectacle soit présenté en soirée.)
Philippe Lafontaine suit. Seul avec sa guitare. Il dialogue beaucoup avec la foule qui bien entendu demande « « Cœur de loup » son grand succès. Très professionnel, grande aisance, grande expérience, il interprète des pièces de son répertoire. Il s’en tire bien malgré tout. Mais voilà la Loi de Murphy qui s’invite. Sa guitare le laisse tomber. Il pète une corde, va-t-il péter une coche. Pas du tout. Il improvise, raconte une histoire, dialogue avec la salle, tout en trouvant le moyen de quérir une corde de remplacement, de l’installer et de se réaccorder, comme si de rien n’était. Il réussit presque à transformer cet imprévu en avantage. Chapeau M. Lafontaine, et ce n’est pas une fable que je raconte là.
Yves Lambert et le Bébert orchestra:
le moment trad qui se fait musique du monde
Samedi soir, 20 septembre, salle comble pour Yves Lambert et son Bébert Orchestra, même si l’Espace 400e vit son post-partum. Grand chercheur et expérimentateur devant l’Éternel, Lambert emprunte tantôt au fado portugais, au zouk antillais, aux sonorités maghrébines, etc. Il ouvre la musique traditionnelle québécoise en fait une musique du monde.
Il ressuscite une chanson à répondre, ressort son accordéon, son harmonica et sa bombarde. Il fait un duo a capella. Son humour rebelle investit sa poésie et sa prose qu’il met au service de causes. Variété et créativité sont à l’honneur dans le monde de Bébert. Les monocultures industrielles, très peu pour lui, qu’elles soient agricoles ou culturelles. Résistance. Yves Lambert, c’est le José Bové de l’expression culturelle.
3 courts extraits d’une minute :
là où le classique se fait rigodon et vice versa
(la suite Pachelbel
là où la turlute se fait rap :
la ziguezon http://www.youtube.com/watch?v=IlW_1-7taRQ
là où la chanson traditionnelle se fait sonorités arabisantes :
À l’abri des bombes http://www.youtube.com/watch?v=9yskU7w2UtI
Yelle:
Le moment danse danse danse électro-pop ( France)
Samedi soir doux, 2 août. Planète électro-pop jeunes. Ils et elles sont venus pour danser, nombreux, très nombreux. Et ils, elles ont dansé. À Québec, Yelle portait une robe-tunique bleue et blanche, à son effigie (devant) et avec les mots “on – off” (arrière)… avec ses collants rouges……. bleu-blanc-rouge … tricolore la France à la rencontre de la Nouvelle-France en terre d’Amériques…. Le courant a passé (le commutateur était à “on”). Tant pis pour les retardataires, tant pis pour les tables qui s’éloignent de plus en plus de la scène. C’est parti, danse, danse, danse….
Claudio Cinelli et ses marionnettes:
Le moment lyrique italien (Italie)
25 septembre. Moment particulier que cette soirée Claudio Cinelli qui met en scène des numéros de marionnettes, et de mimes, sur fond de musique souvent lyrique. Tantôt un accordéon qui joue Caruso, tantôt l’opéra Carmen. Tantôt un opéra muet, en un acte et 13 scènes, interprété par une marionnette. Tantôt une marionnette composée par 3 danseurs-marionnettistes lancés dans une danse latino endiablée (photo). Beaucoup de variétés, beaucoup d’imagination, beaucoup d’humour. Faire d’un art si ancien une présentation très contemporaine, Chapeau Maestro Claudio Cinelli.
David Marin:
Le moment candeur
Vendredi soir, 8 août. David Marin aime visiblement dialoguer avec la salle. Il a le sens de l’humour. Ses chansons sont étonnantes. Il peut être caustique et concis comme Richard Desjardins pour souligner un problème écologique, tout en le faisant à la manière de Fred Pellerin (« Allo, à l’eau, je suis né sous le signe de la champlure »). Il peut rocker ou au besoin rapper ou bercer dans une langue très directe (« Mek que je me tanne »). Il touche à tous les instruments. Quand la salle qui s’est bien amusée lui demande un rappel, il nous prévient. « Vous m’avertirez quand je dois arrêter, j’sé pas combien de temps un show ça doit durer ».
Shibuza shirazu orchestra
Le moment « happening » cacophonique (Japon)
(photo Carole Lafond-Lavallée)
Mardi soir, 8 juillet, la bande du Shibuza shirazu compte au moins vingt-cinq membres. Des musiciens (saxophones, clarinettes, trompettes, guitaristes, claviériste ), des danseuses (une danseuse de kabuki, 2 danseuses de Music Hall, 2 danseuses tropico-hawaïennes) mais aussi une statue, véritable Golum sorti tout droit du Seigneur des anneaux, qui parfois s’anime, et peut entrer en transe. Un animateur qui parfois anime. Un chef d’orchestre qui parfois cheffe. Il y a aussi un artiste qui peint, placide, pendant que la bande s’éclate dans toutes les directions. Son tableau est joli, à mi-chemin entre l’estampe japonaise et le graffiti. Il y a aussi quelques amis de la bande qui promène une immense forme gonflée à l’hélium (un crabe (?), un dragon (?)) dans la tente de la Grande Place, au-dessus des spectateurs.
La bande se lance dans un happening-performance où l’animateur répète le mot « free », mot qui évoque à la fois le mot « libre » et le mot « gratuit ». La musique est très jazz libre, souvent à la limite du cacophonique, et le comportement de plusieurs membres de la troupe paraît parfois gratuit. Un musicien s’arrête et prend des photos. Un autre se repose. Un autre entre en transe. Toute la troupe japonaise semble avoir fait son credo du rejet du code culturel japonais contemporain où tout serait minuté en flux tendus (« just-in-time »). Paradoxalement, il y a un chef d’orchestre qui a l’occasion dirige. Une performance artistique qui souhaite transcender les frontières entre les arts, comme l’avaient rêvé les inventeurs de ce type de performance dans les années soixante et suivantes. Shibuza shirazu orchestra m’a fait penser aux folles années 1970 lorsque l’Infônie de Walter Boudreau et Luoar Yaugud (Raoul Duguay) faisait des soirées avec le Jazz libre du Québec.
(vidéo de Shibuza shirazu tourné la même semaine à Québec dans le cadre d’un spectacle qui avait lieu à l’extérieur dans le cadre du Festival d’été de Québec
http://www.youtube.com/watch?v=L-nJGZlBh7o
Nojazz
Le moment jazz électro (France)
2 juillet. La performance jazz de Shibuza shirazu orchestra a été passablement différente de celle qui avait eu lieu le 2 juillet sur la même scène par le groupe Nojazz (France) qui a présenté un jazz très électro émettant parfois des accents de musique du monde. Pour une introduction à Nojazz voici un petit vidéo qu’ils ont préparé afin de rendre hommage à Claude Nougaro, qu’ils décrivent comme le premier rappeur de génie de la langue française
Ami Karim et les slammeurs:
le génie de la langue
Je dois confesser que je ne suis pas fan de hip hop, rap, reggae et compagnie. Je commence à apprécier. Comme je l’ai écrit, Nojazz présente Nougaro comme ancêtre des rappeurs, puis Biz de Loco Locass raconte que rap, hip hop et slam c’est de la poésie, de la « poésie manifestive ». Je ne suis pas grand amateur de poésie non plus, mais finalement il y a quelques-uns de ces poètes slameurs rappeurs qui par leur magie du verbe sur fond rythmé ont fini par me toucher. Baudelaire qui récitait ses Fleurs du mal, ça ne devait pas être trop loin du slam actuel.
C’est certain que Grand corps malade est un maître du genre, lorsqu’il récite « Quand le jour se lève » de sa voix envoûtante, il y a de la magie malgré la pluie sur les Plaines. La musique et la voix pénètrent pour peu qu’on soit attentif. Mais il y a aussi d’autres slameurs . Ami Karim (26 juillet France-Mahgreb) a tourné des pièces de langage avec grand talent. Dans le slam « le texte devient théâtre … où l’on rend la liberté à un petit bout de soi », « notre inspiration s’enracine dans nos souffrances ». Il décrit très bien ce qu’est le slam. Il faut transmettre en direct ces « rêves qui poussent partout » en dedans. « Ils auront beau essayer, pas question que tout le monde se taise ». Ami Karim « trempe sa plume dans les petites plaies invisibles de la France » et cette phrase « il n’y a peut-être pas assez de profs d’histoire au sein des gouvernements », (amikarim.com). Je vous invite à écouter ce texte…« écrire ça ne suffit pas » où Ami Karim nous dit pourquoi le slam existe…
Écrire ça suffit pas ?
http://www.youtube.com/watch?v=Teek-p6BPp8
Le slameur Souleymane Diamanka du Sénégal est venu mettre en scène le verbe de la tradition orale peule (12 juillet). Fils d’une famille de griots (conteurs) depuis 17 générations. Magiciens du verbe de génération en génération. Souleymane qui vit aujourd’hui en France dit que sa chance a été de vivre avec des gens qui lui ont appris à aimer et jouer avec les mots. Être capable de mettre des mots sur sa douleur, c’est commencer à prendre soin de soi, c’est bercer son âme. « « Quand se dressent les murs de l’imagination / Même la misère à ses moissons » »
Du slam au hip hop et au rap … il n’y a souvent qu’un pas ou plutôt qu’une vague sonore déferlante et martelante. Le texte devient de plus en plus habillé de musique, le rythme découpe, affirme, confirme la rime.
Investissant la langue de Réjean Ducharme, Prévert, Devos et Sol, c’est la fête des mots qui déboulent, se bousculent. Calembours, onomatopées, nous sommes bombardés de mots rythmés scandés qui nous basculent. Véritables feux d’artifices où paroles et musique forment autant de pièces pyrotechniques qui font nos corps vibré et nos esprits étincelé.
Mais c’est aussi être capable de « tremper sa plume dans les petites plaies invisibles » afin de parler de sa « froide solitude » comme l’exprime Kodiak.
Kodiak nous bombarde de mots. Dans Angle mort, il nous lance… « on me dupe, on m’écarte, on me trompe, on me trappe, on me bloque, me stoppe, on se moque, m’empêche et me croque, me barre et me traque ». J’ai placé ci-dessous un hyperlien qui vous permettra d’écouter les différentes pièces de leur CD lancé en septembre « La mécanique » qu’ils ont interprété à la Grande Place le soir du 9 septembre. Hip hop pas de doute mais ils empruntent aussi aux musiques du monde
http://www.kodiaklive.com
Le 10 septembre lors de la grande dépression post-partum, CEA a présenté son spectacle. La bande , au moins 11 personnes, relax à souhait, originaire de Québec très hip hop…ma pièce préférée serait « Au dessous de tout » un apport récent à leur production, original…
Il y a aussi eu deux soirées hybride musique-cirque, la formule est dans une phase exploratoire, à suivre. Quelques soirées d’humour … bof!
Vie et mort de la Grande Place du 400e : son baptême , sa période Moulinsart et son post-partum
I- La période de découverte, du 3 au 20 juin
On peut distinguer trois grandes périodes, une période du 3 juin au 20 juin, période de découverte de la salle. Il fallait que les Québécois prennent l’habitude de venir sur les quais du Bassin Louise, et que les touristes la trouvent. Réciproquement que celle-ci trouve son public, une tente ce n’est pas nécessairement pour les tantes.… Pépé et Alfa Rococo en particulier ont contribué à chauffer la salle dès la première semaine. J’avais alors écrit que la Grande place serait une bonne salle. Effectivement, techniquement c’était très bien, éclairages, sons, etc. à la hauteur, formule cabaret qui plaît. Petite place pour danser, à géométrie variable selon les artistes présents et l’humeur des spectateurs présents.
Mais dès samedi le 14 juin, on découvre un petit problème, lié au PPPP (partenariat-public-para public). La mezzanine certains soirs est réservée pour des repas, les gens, souvent des groupes d’amis ont une vue plongeante et ouverte sur la scène, l’alcool aidant… le bruit de leurs conversations devient gênant… enfin tout dépend de l’artiste présent… S’il s’agit d’un groupe rock-punk qui déverse plus que généreusement ses mégadécibels vers la salle, les « dîneurs » sont plus que largement couverts… ils ont probablement de la difficulté à s’entendre crier, ce qui tempère les bavardages.
Mais samedi le 14, ce sont les Zapartistes qui sont en scène. Un comédien qui imite un politicien… la plupart du temps sa voix est couverte par la centaine de personnes qui soupent sur la mezzanine tout en jacassant. Si vous êtes à plus de 8 ou 10 mètres de la scène, il est probable que vous manquez la moitié des répliques, un mot vous échappe et le gag est incompréhensible. Heureusement, au cours des jours qui ont suivi l’équipe de la Grande place a travaillé à amoindrir ce problème en faisant en sorte que les groupes soient placés de l’autre côté d’une cloison. De plus, les Zapartistes reçurent une nouvelle invitation pour le 23 septembre (dernière semaine) afin de compenser pour les problèmes du 14 juin. Et ils ont livré des spectacles relativement différents… le premier parlait du 400e , le second parlait des élections fédérales qui étaient en cours. Les deux étaient brodés autour de leur spectacle « Île de Pâques » (voir le billet du 17 juin).
Néanmoins ce problème de la mezzanine bien qu’amoindri, est demeuré présent, Particulièrement, dans le cas où il s’agissait d’un spectacle acoustique, ou d’un artiste qui récitait sans être accompagné de musiciens très électrifiés (ex : slam).
II- la période Moulinsart, du 21 juin au 7 septembre
Puis ce fut la seconde période, période faste, période Moulinsart, du 21 juin au 7 septembre
Le Moulin à images de Robert Lepage s’est mis à aspirer chaque soir des milliers de touristes vers les quais du Bassin Louise où se situe la Grande place. Donc pas de problème, la foule est sur place, même si une grande partie cherche à s’assurer de « bonnes places » en face des silos à grain sur lesquels la projection a lieu… bien des gens passent et sont disponibles pour un spectacle de musique…ils ne demanderont qu’à être séduits par les artistes et le spectacle de la soirée.
III- Troisième période, la dépression post-partum…
À compter du 8 septembre, le moulin terminé, le retour aux études, la fin des vacances… les quais sont désertés. Il y a encore de bons spectacles, voire de très bons, mais seuls les « noms » connus remplissent la salle et encore vaut mieux que ce soit un vendredi soir ou un samedi soir…
PS: Merci à la France, à la Suisse, à l’Italie, à Bruxelles, et au centre des Congrès de Lafayette
j’ai souligné ailleurs, que la Suisse avaient offert au 400e une soirée de spectacle (K et Kisling, 12 juin). Je viens de souligner ici que Bruxelles a offert un triple spectacle le 10 juillet. Des institutions italiennes ont contribué à offrir le spectacle des marionettistes de Claudio Cinelli (25 septembre). Le Conseil Régional de Poitou-Charente en France a offert le spectacle de Sloï (25 juin). Le Centre de Congrès de Lafayette en Louisiane a aussi offert un spectacle le 7 août un très jeune groupe folk cajun «Feufollet». Merci à tous ces donateurs… Un merci tout particulier au Gouvernement de France qui par ses institutions a contribué à la présentation de dizaines de spectacles dans le cadre du 400e, dont ceux de Daran, Yelle, Mell, Nojazz, Ami Karim, Souleymane…… etc.
Voici le lien pour une douzaine de billets portant sur d’autres spectacles s’étant déroulés durant le 400e de Québec en 2008, dont ceux de