Sommet de la Francophonie: Prix Nobel 2008 à Québec, Wapikoni, Caravanes et Impro

par Alain Lavallée

I- Le Sommet de la Francophonie: événements

Pour ceux qui désirent connaître la programmation du Sommet qui se tient du 17 au 19 octobre:

http://www.francophoniequebec2008.qc.ca/fr/place/programme.php

Il y a un grand nombre d’événements culturels et autres, qui entourent ce sommet. Pour consulter la liste complète et une brève description de la vingtaine d’événements entourant et ou se déroulant dans le cadre du Sommet de la francophonie, cliquez sur l’hyperlien suivant :
http://www.francophoniequebec2008.qc.ca/fr/apropos/projets_speciaux.php?p=17#lnkProjet17 

Nous en présentons quelques-uns ci-dessous:

1-Prix littéraire de la francophonie

2- cinéma et rythmes amérindiens

3- Sommet du théâtre de l’improvisation

4- les Caravanes francophones
II- Le « Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie » décerné à Québec en présence du Prix Nobel 2008

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Le récipiendaire du  Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie , Hubert Haddad en compagnie du Prix Nobel de Littérature 2008, Jean-Marie le Clézio à Québec(photo Yan Doublet, Le Devoir)

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La tenue du Sommet des chefs d’État de la francophonie à Québec est à nos portes. Il se tiendra de vendredi à dimanche prochain du 17 au 19 octobre. Mais avant que la politique entre en scène, Québec a droit à de multiples événements culturels. Cinéma et musique autochtones (12 et 18 octobre), Caravanes francophones qui font partager le plaisir des mots (8 au 12 octobre), Théâtre d’improvisation (15 et 16 octobre) et enfin remise du Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie.

Dans le cadre des cérémonies entourant le Sommet de la francophonie, il y a eu remise à Québec, le lundi 13 octobre du Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie. Ce prix, accompagné d’une bourse de 10 000 euros, a été remis par Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, accompagné de Jean-Marie Le Clézio, Prix Nobel de Littérature 2008.

Le nouveau récipiendaire du Nobel de littérature Jean-Marie Le Clézio était membre du jury du Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie. C’est à la fois un honneur pour la Francophonie et pour le 400e de Québec, qui en soi est une célébration de la francophonie, que d’avoir pu accueillir M. Le Clézio au lendemain de la réception du Prix Nobel couronnant l’ensemble de son œuvre. Oeuvre qui a été saluée par l’Académie de Stockholm comme étant celle d’un « explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante« .

Jean-Marie Le Clézio dont les racines, sont à la fois de l’île Maurice et de France, voue un grand intérêt pour ce qu’il considère comme un souffle de renouveau que les écritures francophones apportent à la culture française, à la francophonie et à la littérature mondiale.  M. Le Clézio outre son intérêt pour la francophonie a aussi consacré quelques unes de ses oeuvres aux peuples et civilisations autochtones des Amériques. J’aimerais signaler en particulier « Le rêve mexicain, ou la pensée interrompue » (1988, Gallimard). Dans ce livre Le Clézio présente la richesse de pensée des civilisations pré-colombiennes et tente d’imaginer ce que seraient devenues les civilisations amérindiennes si les Espagnols n’avaient pas traversé l’Atlantique.

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Voici la liste des dix romans finalistes qui avaient été retenus pour l’obtention du « Prix des cinq continents de la Francophonie » 2008. Des auteurs de 18 pays avaient vu leurs œuvres sélectionnées.

1. « Abreuvons nos sillons » de Skander KALI (France), aux éditions du Rouergue
2. « La princesse et le pêcheur » de Minh TRAN HUY (France-Vietnam), aux éditions Actes Sud
3. « Le dernier frère » de Natacha APPANAH (île Maurice), aux éditions de l’Olivier
4. « Le passé devant soi » de Gilbert GATORE (Rwanda), aux éditions Phébus
5. « Les voleurs de rêves » de Bachir HADJADJ (France-Algérie), aux éditions Albin Michel
6. « Ma robe n’est pas froissée » de Corine HOEX (Belgique), aux éditions les Impressions nouvelles
7. « Nous, enfants de la tradition » de Gaston-Paul EFFA (Cameroun), aux éditions Anne Carrière
8. « Palestine » d’Hubert HADDAD (Tunisie), aux éditions Zulma
9. « Paris, l’autre désert » de Mohamed MOKEDDEM (Algérie), aux éditions Mokeddem
10. « Tableaux maudits » de Philippe BENSIMON (Québec), aux éditions Triptyque

Hubert Haddad, avec « Palestine » remporte le  Prix littéraire des cinq continents de la Francophonie

extrait du texte de Anne-Marie Genest, mardi 14 octobre 2008, Le Devoir

«  » » » »Les membres du jury ont distingué cette année Palestine, d’Hubert Haddad, écrivain d’origine tunisienne. Cette «fable politique en français, qui parle l’arabe et l’hébreu, où l’écriture lyrique se mêle au sens aigu du réel», a été un choix certain pour J. M. G. Le Clézio, qui y a tout du suite vu «un livre très fort, qui marquera».

La présidente du jury, Mme Lise Bissonnette, a profité de l’occasion pour féliciter aussi très chaleureusement Jean Marie Gustave Le Clézio, l’un des huit membres du jury sur douze à s’être déplacés pour l’événement. Le Clézio a reçu, la semaine dernière, le prix Nobel de littérature. Mme Bissonnette a tenu à souligner la «qualité d’être» de l’auteur qui, bien que sollicité de toutes parts, n’a jamais remis en cause sa participation à cet événement particulier, pas plus qu’aux autres rencontres à venir dans le cadre du Sommet de la Francophonie. La présidente s’est dit fière de la solidarité qui unit les membres du jury, solidarité consolidée par la loyauté même du nobelisé. «  » » » »

III-  Wapikoni (cinéma amérindien) et Rythmes contemporains (autochtone et francophone)

Dans le cadre de l’événement « francophonie et autochtones », le public est invité à assister à une présentation du cinéma autochtone d’ici qui aura lieu le dimanche 12 octobre. Une quinzaine de courts-métrages seront présentés à compter de 17 heures au Musée de la Civilisation, après une cérémonie de purification qui se déroulera au Potager des Visionnaires, sur le toit du Musée (85 rue Dalhousie, Québec). Une cérémonie pour rendre grâces, puisque c’est la fin de semaine de l’Action de Grâce. La récolte du « potager des visionnaires » aura lieu le lendemain de cette cérémonie.

Puis, samedi le 18, à compter de 18 h 30, à l’auditorium du Musée de la civilisation,  il y aura discussion et présentation par de jeunes autochtones de trois communautés de courts métrages et documentaires illustrant les réalités autochtones et francophones.  À compter de 21 heures, il y aura une soirée où rap et hip hop seront à l’honneur. Le rappeur algonquin Samian devrait être présent avec d’autres rappeurs autochtones. Ils recevront aussi d’autres rappeurs francophones.  Diversité des accents et des couleurs y seront à l’honneur (auditorium du Musée de la civilisation du Québec, rue Dalhousie, Québec, samedi le 18).

Afin de vous mettre en appétit, voici le vidéo de la chanson « Nomades » de Samian, accompagné de Shauit, rappeur montagnais (innu) : (chantée en français, en algonquin et en innu)

(pour ceux qui s’intéressent aux aspects historiques des relations entre Amérindiens et Francophones, je vous réfère à deux billets de ce blogue :  celui du 21 mai intitulé « Loco Locass et Samian » et celui du 24 mai « Alliances indiennes en Nouvelle-France ».)

J’insére ici un hyperlien vers la magnifique chanson « Grains de nacre » de Florent Vollant. Elle nous plonge au cœur des cérémonies d’alliance telles que pratiquées autrefois par les Amérindiens où chaque wampum (colliers de perles autochtones) était tissé de « grains de nacre ». Chaque wampum constituait un présent offert à l’allié, tantôt destiné à « effacer la fatigue du voyage », tantôt destiné à « exprimer l’honneur de l’accueillir », etc. . Chaque souhait émis par l’hôte était accompagné par un « collier de perles », en contrepartie l’invité faisait de même. Lorsque vous aurez cliqué sur le lien ci-dessous vous verrez la liste des chansons…. « grains de nacre » est la quatrième. Si vous avez du temps, jetez un coup d’oeil sur le vidéo clip « Loup blanc » qui est sur la même page du site de Florent Vollant.

 http://florentvollant.michelinesarrazin.com/multimedia.html

Le wapikoni :

un studio de production ambulant qui favorise les expressions culturelles:

cinéma autochtone, documentaires amérindiens, vidéoclip et chansons autochtones

wapikoni.1223664507.jpgEn 2001, la cinéaste Manon Barbeau scénarisait un long-métrage de fiction avec de jeunes autochtones de la communauté attikamek de Wemotaci. Elle a pris conscience à la fois de leur imagination créative et de leur détresse culturelle. Elle s’est alors attelée à la tâche de doter ces jeunes de moyens afin qu’il puisse exprimer leurs réalités, leurs rêves et leur créativité. Avec l’aide de l’ONF et d’autres partenaires, elle a pu mettre sur pied le Wapikoni mobile.

Le Wapikoni est un studio ambulant (motorisé) contenant des équipements destinés à réaliser le montage et le mixage de production audio visuelle. Il parcourt depuis quatre ans les routes du Québec afin de faire des escales dans les communautés amérindiennes souvent éloignées des grands centres. À chaque escale, une équipe de formateurs encadre une douzaine de jeunes autochtones qui ont préparé des projets de vidéoclips, de documentaires ou de courts-métrages.
Depuis cinq ans, ce projet contribue à générer une belle effervescence culturelle au sein de plusieurs communautés amérindiennes du Québec. Plus de 800 jeunes autochtones ont produit près de 200 courts métrages. Ils ont valu à leurs auteurs 21 prix lors de festivals nationaux et internationaux de cinéma.

Wapikoni signifie « fleur » en langue algonquine. C’était aussi le prénom d’une jeune fille de Wetomachi qui était un leader et un modèle d’espoir dans sa communauté. Décédée tragiquement dans un accident d’auto, en 2002, Manon Barbeau et les jeunes autochtones ont voulu lui rendre hommage.

La première année de l’existence du Wapikoni, cinq communautés algonquines et attikameks ont été impliquées dans le projet. Samian a d’ailleurs été un des premiers jeunes à plonger dans cette aventure. Il y a maintenant quatorze communautés qui se sont engagées dans cette voie. Certaines se sont même dotées d’un studio permanent. Ce projet québécois rejoint maintenant des communautés anglophones voisines du Labrador. L’idée originale de Manon Barbeau essaime maintenant à l’étranger. Il y a un Wapikoni mobile qui démarre en Polynésie française.

Le Wapikoni traduit tout à fait le premier objectif de l’Organisation internationale de la francophonie (O.I.F. ) qui est la fois de préserver la diversité culturelle (en enregistrant la mémoire des anciens de chaque communauté autochtone dans des documentaires) et de promouvoir le français comme langue de communication entre les peuples et cultures (les onze nations autochtones du Québec). (nous avons présenté cet objectif de la francophonie dans notre billet « Francophonie et préservation de la diversité culturelle (10 septembre 2008) »).

Grâce à ce projet, une créativité nouvelle émerge. Une jeune réalisatrice algonquine est allée réalisé un film dans une communauté autochtone du Brésil, de jeunes réalisateurs wapikoni d’ici sont allés présenté leur film  au 9e Festival de cinéma et vidéo des peuples indigènes du monde en Bolivie. De nouveaux liens se créent entre autochtones du Nord et ceux du Sud. Comme le dit Manon Barbeau :  « « «  Cela aide beaucoup à casser les préjugés des autochtones du Sud sur ceux du Nord, qu’ils imaginent très à l’aise, sans connaître leurs détresses.»

De plus elle a constaté que tout en exerçant leur créativité en produisant des films des vidéoclips et des chansons, ces diverses expressions culturelles renforçaient les liens entre les générations au sein des communautés autochtones. Nombre de jeunes autochtones découvrent les beautés de leurs cultures :«Les jeunes et les aînés communiquent. Le chanteur algonquin Samian, qui a commencé avec la roulotte, maintenant au Top 5 de Musique Plus, demande à sa grand-mère de lui traduire ses textes en algonquin et il les chante dans les deux langues. Même chose avec Évelyne Papatie. Sa grand-mère parle algonquin et l’aide pour ses films. Par ailleurs, le projet rapproche les jeunes non autochtones des autochtones. En Amérique latine, la solidarité existe et il n’y a pas de suicides. Ici, les autochtones sont trop divisés, et les jeunes se tuent massivement. On est en train d’établir des liens entre le Nord et le Sud. Chez nous, on travaille beaucoup la forme des films. » » » (O. Tremblay, Le FNC souligne les cinq ans de Wapikoni, Le Devoir, 7 octobre, B-8). On assiste à une véritable renaissance culturelle chez les jeunes autochtones, grand bien leur fasse.

Voici un vidéo qui a été produit par la communauté attikamek de Manouane (au nord de St-Michel des Saints et du Lac Taureau). Ce documentaire amérindien est intitulé Kitaskino (notre territoire) et dure 4 minutes. Il présente un dialogue entre un grand-père et son petit-fils. Il y parle de l’état de leur environnement.

Faites votre propre vidéoclip

Si vous voulez vous amuser à produire un vidéo, voici un outil qui le permet.

Vous allez retrouver en cliquant cet hyperlien ci-dessous devant un écran où vous pourrez sélectionner entre une douzaine de thématiques présentant de courts extraits vidéos  (rivières , lacs, vues aériennes, excursions en canot, etc.) et puis il y a aussi quatre trames musicales que vous pouvez choisir pour agrémenter le vidéo que vous allez monter.

Allez-y, faites votre propre montage, ou bien écoutez les 4 chansons tout en visionnant les paysages et le mode de vie des amérindiens de diverses communautés du Québec.

http://www.onf.ca/aventures/wapikonimobile/excursionWeb/tablemontage/index.html

IV-   Le Sommet de l’Impro: (théâtre d’improvisation selon les règles de la LNI )

Le mercredi 15 octobre et le jeudi 16, un Sommet de l’improvisation théâtrale se tiendra à Québec  (ou comme on le dit familièrement ici, l’impro). Des joueurs-comédiens d’une douzaine de pays de la francophonie y participeront. Deux matchs seront disputés à 20 heures au Cabaret du Capitole de Québec (972 rue St-Jean).

Le théâtre d’improvisation tel que développé par la LNI (Ligue Nationale d’improvisation créée par Robert Gravel et Yvon Leduc à l’automne 1977) s’est développé depuis dans le monde latin. Depuis 2003, il y a même un « mundial » annuel dans le monde hispanophone ou une dizaine de pays d’Amérique latine et d’Amérique centrale présentent des équipes. Il y a une ligue en Italie. Il y a eu 5 coupes du Monde disputées ici avec les pays d’Europe francophone. Il y a des équipes qui existent dans différents pays francophones africains, alors le Sommet de la francophonie est une belle occasion de mettre en valeur l’impro. Pour ceux qui veulent apprécier les réparties et les richesses de la diversité culturelle de la francophonie, c’est un rendez-vous à ne pas manquer cette semaine.

V- Les caravanes francophones à Québec cette semaine:

Le 2ème Forum international des Caravanes à Québec

Québec, du 8 au 12 octobre 2008

Réunion des Caravanes internationales issues des cinq continents. Le 2ème Forum s’inscrit dans la programmation de la célébration du 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec, dans le cadre environnemental du XIIème Sommet de la Francophonie.

L’organisation à Québec sera assurée par Les Arts et la Ville, entourée d’un comité de programmation constitué de Gilles Pellerin (auteur, éditeur, professeur de littérature), le Musée de la civilisation, le Musée national des beaux-arts du Québec et le Théâtre Périscope.

Les pays participants

Algérie, Autriche, Belgique, Bénin, Bulgarie, Canada-Québec, RPChine – Yunnan, RPChine – Hong-Kong, Colombie, RD Congo, Italie-Vallée d’Aoste, Madagascar,Mali, Maroc, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Sénégal ,Viêt-Nam.

Programme

Pendant toute la durée du Forum : performances urbaines ! Sur le traversier de Québec-Lévis, le Parvis de l’église Saint-Roch, ou la rue Cartier…, laissez-vous surprendre !

MERCREDI 8.10.08

Projection de documentaires, 16h-17h30 au Théâtre Périscope

Soirée d’ouverture : 18h au Théâtre Périscope

JEUDI 9.10.08

Projection de documentaires, 10h-11h30 et 16h-17h30 au Théâtre Périscope

Itinéraire : rencontre d’acteurs culturels de Québec, départ 14h

Forum : Parler français à l’heure de la mondialisation, 14h au Théâtre Périscope

Soirée La Caravane chantante : 19h au Musée de la civilisation

VENDREDI 10.10.08

Projection de documentaires, 10h-11h30 et 16h-17h30 au Théâtre Périscope

Forum : L’évolution du théâtre francophone au Canada et les transformations qui ont faconné le théâtre à Québec, 14h au Théâtre Périscope

Soirée projection de courts-métrages : 20h au Théâtre Périscope

SAMEDI 11.10.08

Projection de documentaires, 111h-12h et 14h-18h au Théâtre Périscope

Le Cadavre exquis du dromadaire : atelier de création collective 12h30 à 16h30 au Musée national des beaux-arts du Québec

Forum : le français, le savoir et le cyberespace, 13h30 au Musée de la civilisation

Forum : Une langue pour s’émouvoir, 15h30 au Musée de la civilisation

Fête du Caravansérail : 20h au Théâtre Périscope

DIMANCHE 12.10.08

Le brunch du dromadaire : 10h au Théâtre Périscope

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Voici la présentation qu’en fait le Soleil

2e Forum des Caravanes francophones à Québec: pour l’amour du français
8 octobre 2008

Régis Tremblay, le Soleil

(Québec) C’est par le cinéma, la littérature, le théâtre, la danse, le rap et autres expressions artistiques que sera sauvée la langue française, celle de la rue comme celle de l’école. Les jeux de mots, cette activité aussi ludique que politique, seront à l’honneur lors du 2e Forum international des Caravanes francophones, qui débute à Québec aujourd’hui et se poursuit jusqu’à dimanche.

C’est au Musée de la civilisation, au Musée national des beaux-arts du Québec, au Périscope, mais aussi dans d’autres lieux publics que s’ébattront et débattront une centaine d’acteurs culturels d’une vingtaine de pays francophones, tout cela à la veille du Sommet de la Francophonie. Avant les hommes politiques, place aux artistes!

«Nous nous réunissons pour célébrer notre langue, à travers des prestations artistiques, et non politiques. Mais cet aspect ne manquera pas de surgir dans les débats publics. Mais tout cela est optimiste et festif. J’observe, ici comme ailleurs, une fascination renouvelée pour le français. Je vois des signes de ce fantasme un peu partout», déclare l’écrivain Gilles Pellerin, directeur de la programmation de ce 2e Forum international des Caravanes francophones.

Parrain de l’événement, le rappeur Webster témoigne éloquemment du regain d’intérêt pour le français, chez les jeunes comme chez les autres. Né à Limoilou d’un père sénégalais et d’une mère québécoise, il a pratiqué le rap en anglais pendant huit ans, avant de le performer en français : «L’anglais est plus bref, plus percutant, mais le français est plus riche pour traduire les sentiments et les émotions. Le passage au français a été dur au début, mais j’ai découvert toute la richesse de cette langue, qui est la mienne!» déclare Webster, qui a grandi en apprennant un franglais de rue, comme tant de jeunes québécois.

La Caravane des mots, qui existe depuis 2002, est en quelque sorte l’ancêtre du Forum international. Cette activité propose aux artistes comme Webster 10 mots avec lesquels ils peuvent jongler à volonté. Cette fois, ces mots magiques sont apprivoiser, boussole, jubilatoire, palabre, passerelle, rhizome, s’attabler, tact, toi et visage. Autant de vocables qui appellent aux contacts et au dialogue.

Gilles Pellerin raconte : «La Caravane est née il y a six ans, dans un petit théâtre de Lyon. D’abord très local, le phénomène est devenu national, puis international. En 2006, j’ai été mandaté pour aller observer cette manifestation, en vue de l’importer à Québec en 2008, pour célébrer nos 400 ans. Mission accomplie! Les caravaniers du monde nous racontent le voyage qu’ils ont fait, avec leurs concitoyens, au coeur des mots. Ils nous montrent ce que parler français veut dire en Asie, en Afrique, en Europe.»