« Coureurs des bois » et « voyageurs » de la Nouvelle-France

Coureurs des bois, voyageurs,

explorateurs:

par Alain Lavallée

Des explorateurs français ont sillonné le continent (Louis Jolliet, Jacques Marquette, Jean Nicolet, Robert Cavelier de La Salle, etc.)  dès le XVIIe siècle. Les coureurs des bois ont poursuivi cette aventure  (Nicolas Perrot, Pierre-Esprit Radisson, Médard Des Groseillers, etc.)

-la Nouvelle-France se déploie sur un continent

AU XVIIe siècle, les Français ont recherché les alliances et œuvré à faire des Amérindiens des partenaires de protection, d’échange, de commerce. Ils n’exigèrent pas que les Amérindiens cèdent la propriété de leurs terres. Ils se sont faits aventuriers qui ont sillonné l’Amérique dans tous les sens : Louis Jolliet, Jacques Marquette, Jean Nicolet, Robert Cavelier de La Salle, etc.

Dans le sillage des explorateurs aventuriers, se sont glissés les coureurs des bois, Nicolas Perrot, Pierre-Esprit Radisson, Médard Des Groseillers, puis bientôt des centaines d’autres plutôt jeunes. Ils cherchaient l’aventure en contrée lointaine, vers les Grands Lacs et au-delà. Ils cherchaient la fortune aussi. Ramener une dizaine de canots chargés de fourrures signifiait toucher beaucoup d’argent. Le risque était présent. Les guerres contre les Iroquois avaient durement touché les alliés amérindiens des Français. Une embuscade était toujours possible.

Aventuriers, coureurs des bois, voyageurs ont sans cesse élargi l’aire d’influence de la Nouvelle-France, construit les réseaux de ce qui deviendra un Empire français en terre d’Amérique. Cet empire comptera l’Acadie, ainsi que le Canada d’alors, soit les gouvernements de Québec, des Trois-Rivières et de Montréal. Ce Canada de la Nouvelle-France comptait à l’ouest les Pays d’en-Haut (ayant pris forme autour des Grands Lacs), puis vers le Sud, la Louisiane, un vaste territoire situé de chaque côté du Mississippi, jusqu’au Golfe du Mexique, comptant pour une bonne vingtaine d’états actuels des États-Unis.

Puis la course des bois s’est légalisée, professionnalisée. Les voyageurs ont suivi les pistes, les rivières, rejoint les contacts faits auprès de peuples amérindiens toujours plus lointains. Un réseau de postes de traite et de forts français a été dressé dans un contexte d’entente, d’alliances entre la Nouvelle-France et les Amérindiens.

Coureurs des bois et voyageurs:

quelques pistes

Pour une histoire bien étayée des ces aventuriers il faut lire  «  »Aventuriers francophones du Nouveau Monde: l’Amérique fantôme » », de l’historien Gilles Havard (Septentrion 2019) et surtout le magistral « Histoire des coureurs de bois » du même auteur.

Si vous recherchez un roman décrivant bien le vécu des « voyageurs » qui canotaient l’Amérique franco-amérindienne, je vous conseille « Les engagés du Grand Portage » de Léo Paul Desrosiers. Ce roman a été réédité à quelques reprises entre 1938 (Gallimard) et 1988 (Fides-Bibliothèque québécoise).

Pour une vulgarisation de ces personnages bien réels, mais un peu oubliés. On peut lire  aussi « « Les coureurs des bois, la saga des Indiens blancs » » de Georges Hébert Germain (2003), contient de belles et nombreuses illustrations de Frédérick Back .

Les relations souvent difficiles entre les peuples iroquois et la Nouvelle-France se lisent presque au jour le jour comme dans un roman:  «Iroquoisie » de Léo-Paul Desrosiers (réédité en 1998, Septentrion).

Pour une histoire bien documentée de l’alliance franco-indienne dans les Pays d’en Haut, il faut lire « Empire et métissages, Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715 » de Gilles Havard 2003, Paris-Sorbonne et Septentrion).

Pour une présentation en résumé du contexte historique dans le quel s’est déployée en Amérique une Nouvelle-France   franco-amérindienne, vous pouvez lire mon billet précédent  ici même sur ce blogue:

« Alliances indiennes en Nouvelle-France (1603-1803): une Amérique franco-amérindienne ».

Il y a aussi une présentation des « coureurs des bois » sur le site internet du musée virtuel de la Nouvelle-France http://www.civilization.ca/vmnf/popul/coureurs

(pour des photos un peu plus accrocheuses…. http://www.youtube.com/watch?v=pS01Ve_TrW8

Si vous préférez des versions audio, il y a nombre de coureurs des bois dont la vie est retracée par l’anthropologue Serge Bouchard dans son émission intitulée « De Remarquables oubliés », accessible via le site internet de Radio-Canada. http://www.radio-canada.ca/radio/profondeur/RemarquablesOublies/accueil.html

Coureurs des bois et voyageurs:

   à vos canots et pagayez 

Ci-dessous vous trouverez les paroles de la chanson « Pagayez » du Louisianais Zachary Richard (ainsi qu’un lien vers le vidéo)…

À sa manière elle décrit la vie des « voyageurs » de la Nouvelle-France, cette Amérique franco-amérindienne. Dans leurs canots d’écorce, ils devaient pagayer en moyenne à une quarantaine de coups à la minute. Afin de maintenir la cadence, ils chantaient pour se stimuler, se maintenir en « transe ». Pagayez illustre ce type de chanson particulièrement vers la fin du vidéo où Florent Vollant (Montagnais-Innu), Kevin Parent (Québécois) et  Zachary  Richard (Louisianais) entonnent ensemble Heuh, heuh, heuh…  Dans le fond, ces trois-là représentent un peu l’Amérique franco-amérindienne…..

http://www.youtube.com/watch?v=Jf8nGwsKZTc

Pagayez ………paroles de Zachary Richard

Pagayez chers camarades, pagayez
Encore loin pour faire la fin de la journée
J’suis voyageur des eaux et coureur des bois
Depuis l’nord Manitoba aux Illinois
J’connais toutes les rivières, tous les ruisseaux
Depuis l’île d’Orléans, jusqu’à la terre haute

Courir, courir, courir, courir, courir dans l’bois
Aussi longtemps, aussi longtemps, aussi longtemps

Dans la ville de Montréal, y a une belle brune
À laquelle je donnerais toute ma fortune
Elle a les yeux couleur du fond d’un lac glacé
C’est en bas ses couvertures, j’veux me réchauffer
Si j’avais un dernier souhait, pour toute ma vie
Je d’manderais à la pleine lune nous réunir
Avec sa lumière, faire une corde pour attacher
Ce grand bois avec le coin de son foyer

Courir, courir, courir, courir, courir dans l’bois
Aussi longtemps, aussi longtemps, aussi longtemps

Allez mes braves, allons se mettre sur le chemin
Faudra pas qu’ l’hiver vienne nous prendre avant la St-Quentin
Si la tempête nous attrape pas, je ferai un vœux
De passer le mois de janvier auprès de son feu
Allez mes braves, allez amis, allons, allez
Encore loin pour faire la fin de la journée

Wapikoni et cinéma amérindien

(Dans mon billet du 10 0ctobre 2008 «  »Sommet de la francophonie », je parle plus en détail du cinéma amérindien actuel, des vidéo clips et des documentaires que les Amérindiens du Québec produisent sur leur mode de vie actuel… (dans la section « Wapikoni mobile » de ce billet