Paris-Québec et Céline Dion au 400e: deux sommets chantants de cette francophonie qui enchante

par Alain Lavallée

(le billet « Paris-Québec à travers la chanson suit les commentaires sur le spectacle de Céline Dion)

Le « spectacle unique » de Céline Dion : le « sommet de la famille » québécoise, francophone d’Amérique

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Deux magnifiques spectacles à Québec, sur les Plaines, vendredi le 22 et dimanche le 24 août. Foules immenses.

Céline Dion a qualifié sa soirée de « spectacle unique », entièrement en français, de spectacle familial, très juste, mais de sa famille très grande famille, les Québécois et les francophones d’Amérique.

(avant d’aller plus loin, voici un lien pour une série de photos du spectacle de Céline Dion :

http://galeriedephotos.cyberpresse.ca/index.php?t=Black&a=5127&c=68&m=cp

Après avoir interprété la chanson « Dans un autre monde » de manière très « star » internationale (hyperlien vidéo à la fin de cette section du texte), tout juste avant de chanter « Destin », Céline a d’emblée abordé cette question du destin, celui du monde d’où elle vient, celui de sa famille élargie, en disant:

« Ce que la terre a de géant, d’universel,
C’est le cœur de ses gens, de ses peuples
».

Puis elle a ajouté : « L’Amérique a vu le jour ici même ».

Elle a qualifié son spectacle d’unique et c’est on ne peut plus vrai : une seule représentation, un patrimoine culturel original, francophone en terre d’Amérique.
Faire un spectacle en anglais à Boston, puis une couple d’autres spectacles bilingues à Montréal (7 ou 8 chansons en français), s’amener à Québec et faire un spectacle entièrement en français avec des duos, avec des groupes (sans vraiment avoir le temps de répéter : avec Dan Bigras, Mes Aïeux, Zachary Richard, Nanette Workman, Jean Pierre Ferland, Ginette Reno, et ses frères et soeurs) … c’est faire preuve d’une grande générosité. Elle supporte bien la pression cette dame. C’est une artiste professionnelle. Chapeau !  Elle a pris des risques (d’ailleurs sur les blogues on peut lire que dans telle chanson, dans tel duo, elle s’est trompée de paroles… mais je trouve ces remarques un peu mesquines, elle était en famille, elle a pris des risques, elle a animé et participé à la fête, bravo!).

Allons-y pour la famille immédiate. Les douze frères et sœurs Dion sont entrés à la 17e chanson, tout de suite après la célèbre « Dé-générations » de Mes Aïeux. Ils se sont lancés avec ardeur et jovialité dans un pot-pourri liant des chansons de Gilles Vigneault ( Jos Montferrand et Jack Monoloy) avec des chansons québécoises traditionnelles « Dans nos vieilles maisons (St-Quentin) » et « La bastringue », le tout se terminant par le folklore français «  À la claire fontaine »…. dont la strophe finale était répétée en leitmotiv à sa famille, à son public… « jamais je ne t’oublierai ».
Pour la partie du spectacle où un son plus traditionnel était à l’honneur (Mes Aïeux, famille Dion et Zachary Richard) Céline Dion portait un jean. Elle avait un bijou pendentif en forme de fleur de lys sur le cœur, (alors que pour les pièces précédentes, elle était vêtue très « vamp attitude » pour accompagner Nanette Workman dans l’interprétation de « Lady Marmelade »).

Pour visionner Céline et ses frères et soeurs :

Après avoir vécu quelques années à Las Vegas, avec ce spectacle Céline Dion a renoué avec sa québécitude.  C’était tellement une fête de famille qu’il y avait même un « mon oncle » un peu « chaudasse » (Éric Lapointe semblait avoir célébré avant d’entrer sur scène, à moins qu’il n’ait été ivre d’émotions (?)).

Elle a été touchée, émue à quelques reprises (avec Bigras  dans Tue-moi, avec Ginette aussi, c’était palpable). Les artistes québécois invités lui ont dit simplement nous sommes fiers de toi de ce que tu as accompli, nous t’aimons, tu es des nôtres et vice versa.

(Le duo Céline Dion et Dan Bigras interprétant « Tue moi »
Après avoir chanté avec Céline, « Si Dieu existe », Claude Dubois a dit cette vérité que personne ne veut entendre à la Société du 400e, « Québec, tu as enfanté d’une nation qui a résisté à l’assimilation, je te dis que je t’aime« . Le spectacle de McCartney a été mémorable, celui de Céline a été unique, celui d’une famille unique, d’un peuple unique. Célébrer fièrement ses origines et être fier de ce que notre culture a enfanté si on est Québécois francophone. Tous les peuples sont uniques et ont des histoires originales, complexes, la nôtre se déploie en Amérique depuis quatre siècles déjà.

Sur les blogues, j’ai lu à maintes reprises que le spectacle de Céline Dion était une « fête de la St-Jean »… pas vraiment. Dans un spectacle de la « St-Jean » (fête nationale des Québécois) une place est faite à un ou des artistes de la relève et depuis plus de dix ans les fêtes de la St-Jean sont multiculturelles, multiethniques. Ce n’était pas le cas de ce spectacle.

Il s’agissait plutôt d’un hommage à un peuple « unique ». La suite de ces commentaires (fête de la St-Jean) sur les blogues allait souvent dans le sens « y avait rien là ». La différence à ce niveau était entre les commentaires de ceux qui étaient au spectacle et ceux qui l’ont vu à la télé. Par exemple dans l’interprétation de « Un peu plus haut, un peu plus loin » en duo avec Ginette Reno, il y a vraiment eu des moments où l’émotion était palpable et un frisson intense a parcouru la foule, un moment de grâce … et quand cette foule est immense c’est …

Voici le vidéo de cette chanson, il provient d’un enregistrement télé, donc la perception de l’onde qui envahit la foule n’y est pas, mais bon… les cellulaires n’ont pas fait un travail remarquable,  les vidéastes amateurs sont souvent très loin de la scène (si vous regardez ce vidéo, notez qu’au cours des 4 dernières minutes, Jean-Pierre Ferland qui a écrit cette chanson il y a trente ans pour notre Pavarotti montréalaise, Ginette Reno, semble en extase).

Le premier spectacle auquel Céline avait assisté étant enfant, était un spectacle de Ginette Reno (quoique les festivités de sa famille  ne devaient pas être « piquées des vers » musicalement parlant).

Céline Dion est vraiment allée « un peu plus haut, un peu plus loin » que la Pavarotti populaire, comme nous pouvons le constater dans ce court vidéo (1 min 30 ) de sa tournée planétaire en cours. Elle s’est arrêtée à Québec pour un spectacle unique. Je n’ai jamais été un fan de la musique qu’elle interprète, à part ses chansons de Goldman, mais là je m’incline.

Vidéo promotionnel de sa tournée planétaire :

http://www.youtube.com/watch?v=sGh1Lg52hGs

le début du spectacle, vidéo très amateur, qualité médiocre… mais il est court et donne une idée de l’atmosphère dans la foule

http://www.youtube.com/watch?v=aya9tudQmhU

la première chanson «  Dans un autre monde »


En terminant deux commentaires, et une petite rumeur. Cette histoire de 100 000 billets gratuits distribués à l’avance a été une erreur tout au long de la préparation et même durant le spectacle. Ils ont dû ouvrir la clôture entre la section des détenteurs de billets et la section des sans billets lors de la 8e chanson, pendant le duo avec Nanette Workman. Soit que des détenteurs de billets n’ont pu se présenter, soit que l’espace réservé aux porteurs de billets avait été mal calculé, il y avait de grands espaces de disponibles.Enfin je pense que le site du terrain de sports des Plaines d’Abraham qui a été utilisé lors de ce spectacle est trop clôturé. Cela pourrait être dangereux. Je souhaite qu’il ne soit jamais utilisé lors de concerts rocks… risques de blessures, de bousculades, voire de panique si la foule est aussi immense qu’elle l’était, vendredi le 22 août, mais heureusement c’était une foule plutôt sage.

Après le spectacle, Robert Lepage déambulait lentement le long de la Grande Allée, au milieu de milliers de personnes. Il avait été invité au spectacle par René Angelil qui désirait faire sa connaissance.  Dans une couple d’années il y aura peut-être un p’tit quelque chose « Lepage – Dion » s’il s’est avéré qu’ils ont des atomes crochus.

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Paris-Québec en chansons: Sommet de l’amitié franco-québécoise au 400e

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Dimanche le 24 août, sous les étoiles, et sur les Plaines, un spectacle magnifique d’une quinzaine d’artistes québécois et français. Belle complicité, amitié entre chanteurs français et québécois dans le spectacle Paris-Québec en chansons,  comme si un certain patrimoine commun dissolvait les différences culturelles entre l’Europe et l’Amérique. À travers la chanson, depuis plusieurs décennies déjà, Français et Québécois se sont apprivoisés.  Le spectacle a rendu hommage à plusieurs artistes québécois et français, entre autres au parolier Luc Plamondon qui a vraiment contribué à créer des ponts transatlantiques.

Voici un vidéo où Plamondon récite « Le temps des cathédrales ».

La journaliste Valérie Lesage (le Soleil, Québec, 25 août) a qualifié ce spectacle de « Sommet de l’amitié » et a très bien décrit ce spectacle. Exceptionnellement, nous allons citer de longs passages de son texte (en italique) et y ajouter quelques commentaires (en caractères habituels).

Ce spectacle de plus de deux heures sera présenté à la télé de Radio-Canada le 7 septembre prochain, et sur les ondes d’ARTV le lendemain 8 septembre. Paris-Québec à travers la chanson sera diffusé en France le 20 septembre par France 2.

série de photos
http://galeriedephotos.cyberpresse.ca/index.php?t=Black&a=5128&c=68&m=cp

« « « « La chanson francophone a reçu hier soir sur les plaines d’Abraham les plus beaux hommages : l’accueil d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, les voix réunies de quelques-unes des plus grandes vedettes de la France et du Québec et, surtout, l’expression tangible d’une grande amitié entre artistes.

La soirée Paris-Québec, animée par Garou et la Française Daniela Lombroso, a été construite avec l’idée de faire des ponts en chansons. D’hier à aujourd’hui, entre tradition et modernité, (…)

Dès l’ouverture, nous avons eu droit aux voix d’Isabelle Boulay, Garou, Lynda Lemay, Maurane, Patrick Bruel et Michel Fugain pour la magnifique Quand les hommes vivront d’amour, une réunion qui a suscité les plus beaux espoirs pour le reste de la soirée. (Puis Robert Chalebois, en spectacle en Belgique sur la Grand Place de Bruxelles, est intervenu par vidéo pour interpréter « Si j’avais Les Ailes d’un ange » je partirais pour Québec »… chanson on ne peut plus de circonstance). Si ensuite Ariane Moffatt et Julien Doré ont soulevé des doutes avec une réinterprétation ratée de Lindbergh, les craintes ont été chassées grâce aux souvenirs délirants de Plamondon, ramenés à nos yeux étonnés par la magie de la vidéo. Il fallait voir les costumes et les coiffures de Claude Dubois époque Starmania et l’immense boule blonde du jeune Plamondon!

Surprise, le parolier, symbole de l’amitié France-Québec, s’est pointé sur scène pour dire Le temps des cathédrales avant que Garou, Patrick Fiori et un Daniel Lavoie poignant se retrouvent pour la première fois en huit ans pour interpréter Belle. Larmes et frissons grâce à la magie des voix.

Patrick Bruel a aussi eu droit à un hommage : ses plus grands succès repris par Lynda Lemay, Maurane et Daniel Lavoie, venu ironiquement chanter Casser la voix, en s’éclatant joyeusement sur scène avec Bruel, qui n’a pas pu résister à l’envie d’un duo électrisant. L’artiste français s’est ensuite glissé dans La complainte du phoque en Alaska avec la diva Diane Dufresne; une version naïve sur des airs de cirque et un moment qui ne s’oublie pas.

Continuant d’avancer sur le fil des émotions, Isabelle Boulay s’est amenée avec son ventre rond pour un Dieu des amours sensuel à souhait avant qu’Yves Lambert et Garou mettent le feu à la foule avec des chants traditionnels (où Lambert a inséré dans ses rimes une dénonciation de l’insensé projet RABASKA en ces termes et je cite: « Toé pi ton Rabaska, du méthane on n’en veut pas »)
Maman Dion, racontant avoir choisi le prénom de sa célèbre fille à cause d’une chanson d’Hugues Aufray, a ramené des sourires avant que le chanteur amène de la tendresse et un clin d’œil à Félix Leclerc (en interprétant avec Lynda Lemay « Le petit bonheur »)

Chanteur français aimé des Québécois, Adamo a offert C’est ma vie, mais aussi La Manic de Georges D’Or avant que Roch Voisine épouse une chanson de Joe Dassin (Salut les amoureux). Accompagné d’Isabelle Boulay, Zachary Richard a donné des airs de reggae à Travailler c’est trop dur (…) Superbe, le Ils s’aiment de Daniel Lavoie nous a amenés vers la fin, juste avant Patrick Bruel et le duo de Dufresne et Duteil pour La langue de chez nous. » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »

J’ajouterai enfin qu’après le duo d’Aufray et Lemay, André Philippe Gagnon a présenté un feu roulant d’imitations (Félix, Aznavour, Ferland, Bécaud, Piché, Dassin, Zachary Richard, Julien Clerc, Lama, Lavoie, Bruel, Rita Mitsouko, Desjardins… ).

Je dois dire que la qualité d’écoute était remarquable pour une foule de cette ampleur, peut-être 100 000 personnes, comme si elle était enchantée.  Voici un vidéo, type cellulaire, de 2 minutes présentant la toute fin du spectacle où tous les artistes reviennent sur la scène (musique de « la langue de chez nous »).