Loco Locass et Samian : aux origines de l’Amérique française, l’alliance avec les Indiens

Amérindiens du Québec

les alliances franco- amérindiennes en Amérique

par Alain Lavallée

Le Québec redécouvre graduellement ce qui a été au fondement de la création de l’Amérique française, les alliances avec les peuples « Indiens d’Amérique ». En 2000, le Québec a renoué avec son lointain passé de Nouvelle-France et a reconnu les droits des Peuples autochtones. En 2002, sous la gouverne de Bernard Landry, le Québec a signé avec le peuple Cri, la « Paix des Braves », une entente respectueuse des droits des autochtones. Ce printemps, il a conclu une entente avec les Inuits pour la création d’un gouvernement régional, le Nunavik. Vrai qu’il reste à négocier des ententes avec neuf autres peuples amérindiens, mais le processus est engagé. Il y a onze peuples autochtones au Québec, les Cris (13 530
 h.) et les Inuits (9397

 h.) mais aussi les Innu-Montagnais (14 492 h.), les Hurons-Wendat (2881 h.), les Abénaquis (1985 h.), les Micmacs (4606 h.), les Algonquins (8471 h), les Attikameks (5328 h.), les Naskapis (787 h.), les Malécites (683 h.), les Iroquois-Mohawks (15 558 h).

Au total ces onze peuples autochtones comptent pour environ 1 % de la population du Québec, soit environ 80 000 habitants (chiffres provenant du Ministère des affaires autochtones, 2001). Avant notre arrivée, il y a quatre siècles, ils étaient plus nombreux et occupaient tout le territoire. (Dans l’ensemble du Canada, il y a environ 1.2 million d’Autochtones. Ils comptent pour plus de 3% de la population du Canada.).

En ce sens, avec la « Paix des Braves » et le Nunavik, le Québec renoue avec les fondements de la Nouvelle-France et de son histoire. Celle-ci s’est construite sur la base de multiples alliances entre Français et Amérindiens comme en témoigne entre autres, la « Grande paix de Montréal de 1701« . Lors de ce sommet diplomatique, une quarantaine de nations amérindiennes sont venues à la rencontre du Gouverneur de la Nouvelle France, Louis-Hector de Callières signer une « Pax Gallica« . C’est d’ailleurs un des éléments qui a distingué l’Amérique française, de l’Amérique anglaise et de l’Amérique hispanophone.

Avant de replonger dans cette histoire complexe de l’Amérique franco-amérindienne lors d’un prochain billet,

http://quebec.blog.lemonde.fr/wp-admin/post.php?action=edit&post=21

je vous propose de visionner le vidéo produit par le groupe de rap québécois Loco Locass ainsi que Samian (rappeur amérindien algonquin). Ces artistes québécois nous invitent à l’occasion du 400e anniversaire de notre arrivée en terre d’Amérique à « retisser en Nouvelle-France l’alliance entre autochtones et francophones ». Leur « Paix des Braves » vaut la peine d’être lue, vue et entendue…

Loco Locass et Samian:

par Alain Lavallée

Dans cette pièce rap, Loco Locass et Samian utilisent des métaphores résumant le sort des peuples amérindiens une fois que la Nouvelle France (dont le Canada) est tombée sous la coupe de l’Empire britannique: « aux États on les abats, au Canada on les met en réserve« . Malheureusement, en 2008, le Canada est encore l’un des trois pays (avec les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, a ne pas avoir signé la Déclaration de l’ONU reconnaissant les Droits des Peuples autochtones. 144 pays ont signé cette déclaration, 11 se sont abstenus. Les Québécois et les Canadiens, la France et les pays européens doivent demander au gouvernement du Canada (Ottawa) de signer cette déclaration de l’ONU.

Paroles de la « Paix des Braves  » par Loco Locass et Samian

Dans une ville appelée Kapak, lieu de débarquement, mes ancêtres ont fait leur pack sac pacifiquement,
Sur l’Anikana, en route au nord du Canada,
Samian, Loco Locass, il était temps que l’union se fasse, qu’on remonte la vraie histoire pour qu’on puisse y faire face,
On veut mettre un pont entre les nations, confondre la culture, ignorer les préjugés, laisser parler la nature

La barrière entre les peuples, on veut plus la casser, on en a plus qu’assez, on est placés pour parler,
On remonte le temps dans le pantalon de Cristophe Colomb qui découvre l’Amérique et tous ces peuples qui y habitent
On était pacifiques et encore, même aujourd’hui, un homme blanc sur l’Atlantique qui rêvait de faire son pays,
On fume le calumet de paix, sans rancune, on est capables de rester vrais même si on porte plus de plumes

L’union de deux nations freine l’ignorance,
Pousse les connaissances avec un peu de reconnaissance
Mon histoire et la tienne, ça fait deux,
Je fais partie de deux peuples, donc je finirai comme l’un d’eux

Hochelaga, Stadaconé, on débarque en rabaska cette année, on a décidé de se métisser,
Parce qu’on a retissé l’alliance en Nouvelle-France, entre autochtones et francophones

Mamawintiwin mi iima eiji mackawisiak, mackawisiak, eawiakowiak, etitentakosiak,
C’est en mêlant le son qu’on scelle le pacte

De l’Europe à l’Amérique, j’ai traversé l’Atlantique à cette époque épique, au pays du porc-épic,
La maladie du scorbut scorait droit au but et c’est aux premières nations que je dois ma guérison
Raquette, canot, boucane, tisane et toboggan, l’authentique Autochtone enseigna au profane
La science de la savane, sans se douter qu’en filigrane, la soutane mégalomane allait lui casser le crâne

Pour les Amérindiens, en Amérique, il y a deux choix : soit on les abat comme aux États,
Ou bien soit on les réserve comme au Canada, mais réserve ou abat, le problème demeure le même

Car tombent une à une les quilles de leurs emblèmes, les visages pâles peuvent ben devenir blêmes,
Désolé pour le passé, à présent, qu’est-ce qu’on fait ? allume le calumet, qu’on fume pour la grande paix

Hochelaga, Stadaconé, on débarque en rabaska cette année, on a décidé de se métisser,
Parce qu’on a retissé l’alliance en Nouvelle-France, entre autochtones et francophones

Hochelaga, Stadaconé, on débarque en rabaska cette année, on a décidé de se métisser,
Parce qu’on a retissé l’alliance en Nouvelle-France, entre autochtones et francophones
Mamawintiwin mi iima eiji mackawisiak, mackawisiak, eawiakowiak, eawiakowiak, etitentakosiak,
C’est en mêlant le son qu’on scelle le pacte

Je m’excuse si je t’excise, tu meurs pas, ou si oui, ta mort est exquise,
Pas de taxe, on te plume pas, on te préserve dans l’alcool, on te fume dans le tabac,
J’appelle ça de la taxidermie – de la quoi ? – Parles-en à Renée Dupuis-Morency,
Christ ! L’ignorance crasse me laisse un goût ranci, vite, faut que je me rince sous les chutes Montmorency

Oui maman, oui, j’me souviens que nous fumes les premiers touristes en ce pays,
Qui paya sa survie à rendre ses esprits qui ont le souffle court, et nous, les cœurs épris,
Trop pris, tellement pris qu’ils sont Pharmaprix, ah ha, le karma crie
Algonquins, Innus, Attikameks du Québec, si on allumait le calumet qu’on fumait pour la grande paix ?

Hochelaga, Stadaconé, on débarque en rabaska cette année, on a décidé de se métisser,
Parce qu’on a retissé l’alliance en Nouvelle-France, entre autochtones et francophones

Hochelaga, Stadaconé, on débarque en rabaska cette année, on a décidé de se métisser,
Parce qu’on a retissé l’alliance en Nouvelle-France, entre autochtones et francophones,
Mamawintiwin mi iima eiji mackawisiak, mackawisiak, eawiakowiak, eawiakowiak, etitentakosiak, etitentakosiak,
Mamawintiwin mi iima eiji mackawisiak, mackawisiak, eawiakowiak, eawiakowiak, etitentakosiak,
C’est en mêlant le son qu’on scelle le pacte

(merci à Loco Locass et Samian)