J’ai assisté à plusieurs spectacles à la Grande Place. Pêle-mêle, voici quelques impressions.
Tout d’abord, une soirée-cadeau de la Suisse pour le 400e, plutôt sympa : Jérémie Kisling en première partie et K (Nicolas Michel) en formation trio pour la seconde partie. Jérémie cause nature « Le ours et la hirondelle », « Les étoiles »… humour léger, vaguement mélancolique. S’accompagnant tantôt au clavier, tantôt à la guitare acoustique, sans oublier son harmonica à la Dylan. Il fait sien l’auto-dérision et nous présente sa version du « gars ben ordinaire » lorsqu’il nous chante « je ne suis ni prince, ni charmant, ni preux, ni chevalier, ni fleur, ni bleue…. N’attends rien de moi, je ne sais pas quoi faire ». Kisling place ainsi sa prose bien loin des héros et des performances, aux antipodes des mécanismes d’horlogerie si bien réglés qui ont fait jadis la réputation de sa contrée d’origine. Il nous chante berceuse (vidéo- Teddy bear) puis nous confie « Mais avant que tout s’oxyde, j’aimerais bien trouver quelqu’un ,
Quelqu’un qui me guide, tout gentiment vers la fin ».
Jérémie Kisling- « Teddy bear » http://www.youtube.com/watch?v=xUDuXeVU9z8&feature=related
K (Nicolas Michel) était accompagné d’un percussionniste et d’un claviériste. Entre théâtre et chanson, ses prestations présentent ses préoccupations sociales. Textes gentils, idéalistes qui nous causent des immigrants, des clandestins qui font ces boulots permettant à la Suisse de fonctionner, il nous cause des flics, des vieillards, des jolies filles, etc. On peut en avoir un aperçu dans le vidéo suivant:
K (Nicolas Michel) L’amour dans la rue
http://www.youtube.com/watch?v=nKr1FjkrBP8&feature=related
Les Dales Hawerchuk
Lors d’une autre soirée à la Grande Place du 400e, j’ai eu droit à quatre gars qui eux aussi aiment le son « K » eux aussi car ils ont choisi « Dale HawerchuK » comme patronyme. Cela aurait pu aussi bien être les « Ilya Kovalchuk», les « Kovalev», ou les « Koivu » mais bon après les avoir entendu j’opterais plutôt pour les « Georges Laraque », ça rime avec lac et que ce sont quatre gars du Lac. Mais bon en résumé, ils aiment le hocKey, OK.
Leur formation…trois guitaristes (dont une basse) comme trio offensif, puis un batteur comme gardien de but, pas de défenseurs… Cela reflète bien leur style. Toujours d’attaque. L’attaque est la meilleure défense. Ils sont là pour marquer des buts. Ils ne niaisent pas avec le « pucK». Pas question de jouer la « trappe ». Ils ne sont pas là pour glandouiller. Ils cognent solide. Lorsqu’ils font une pièce sur la chasse à l’orignal, et bien pas de fioritures. Ils le chassent sur scène : le « call » de l’orignal, puis la poursuite, l’adrénaline nécessaire et la mise à mort. Lorsqu’ils chantent « J’monte au Lac », encore là pas de niaisage: «envoye, pèse sur le gaz ».
Gros rock, à fond, court, efficace. Les premières mesures de « Déshabillé » évoquent le « Chu rocker » d’Offenbach… Héritiers d’Offenbach et de Corbeau…. À quelque part, oui.
J’ai bien aimé « Le papillon » mais je ne l’ai pas trouvé sur les sites de vidéos alors voici les Dales Hawerchuk dans « Je monte au Lac »
http://www.youtube.com/watch?v=2VNOpBthN-8&feature=related
Les Zapartistes, l’humour incisif
Ce ne sont pas les humoristes qui manquent au Québec. Mais un trop grand nombre d’entre eux visent rapidement en bas de la ceinture. Ce n’est pas le cas des Zapartistes. Plutôt que d’aller du social vers le scatologique, ils vont du social vers le politique, visière levée, de manière chevaleresque.
Humour incisif, direct. Le manifeste qui marque le début de tous leurs spectacles est toujours de son temps. Ils se positionnent clairement. Officiellement, samedi le 14 juin, ils présentaient leur spectacle « Les Zapartistes à l’Île de Pâques », mais dans les faits ils l’avaient adapté au 400e, pour le plus grand plaisir des spectateurs présents. Ils avaient préparé un numéro sans complaisance où le maire Labeaume et sa demande de trêve sur le « débat constitutionnel durant le 400e» le transforme en représentant qui se contente d’aller d’un coquetel à l’autre en se contentant de s’empiffrer de sandwichs. Le contenu du numéro qui nous a présenté la Gouverneure générale envoyant mécaniquement la main à la foule comme si elle était le Bonhomme Carnaval n’était pas piqué des vers. Ce spectacle était à mon avis supérieur à leur spectacle d’il y a 2 ans qui était peut-être trop théorique (il traitait du « Manifeste des lucides ») .
Le numéro où le premier ministre Harper nous parle des Jeux olympiques de Pékin et de la reconnaissance de l’état du Kosovo par le Canada est hilarant, court et réussi.
http://www.youtube.com/watch?v=swAxyyX80HA
Le numéro du fonctionnaire qui présente ses règles d’intégration des immigrants est un numéro avec beaucoup de punch et d’humour… à voir http://www.youtube.com/watch?v=ApSx4iVkb1Q
Dans le spectacle « Les Zapartistes à l’Île de Pâques », les caractères sociaux sont mieux campés, plus efficaces: caractère du banlieusard qui réfléchit à voix haute tout en s’affairant à son «barbecue», caractère du «montréalais-métropolitain», caractère du «gars des rangs».
Je vous invite à visionner ces caractères aux adresses suivantes.
Le Montréalais : http://www.youtube.com/watch?v=7nhukBhhYW4&feature=related
Le banlieusard : http://www.youtube.com/watch?v=MC6KcbxFGn0&feature=related
Le rural : http://www.youtube.com/watch?v=yKIj9V9fevI&feature=related
Enfin, je me dois de parler un peu des mini-troupes artistiques qui arpentent les quais du Vieux-Port (Espace 400e) et les rues environnantes à l’occasion. Les quatre gars de « Sax-O-matic » offrent un service hors pair. Comme c’est écrit sur leurs casquettes et leur habits de travail, ils offrent un service 24 heures. Ces quatre saxophonistes sont prêts à tout pour vous servir. Tantôt ils improvisent avec d’autres musiciens de la rue, tantôt ils sérénadent une touriste avec un « Oh! Darling » des Beatles, bien senti (photo ci-dessous). Toujours prêts à interpréter quelques pièces et à s’adapter aux touristes de passage, aux gens qui arpentent les lieux de l’Espace 400e.