Paul McCartney à Québec: Mémorable

mccartney quebec.1216653159.jpg

Paul McCartney, Québec :

par Alain Lavallée

Paul le sympathique a offert un spectacle énergique qui a duré deux heures et demi, et s’est conclu vers minuit dans un deuxième rappel avec « Sergeant’s Pepper Lonely heart club band » (…we hope you have enjoy the show…), une manière diplomatique d’inviter l’immense méga foule à rentrer gentiment à la maison, que toute bonne chose avait une fin.

Spectacle mémorable qui marquera le 400e et l’histoire de la ville. Marée humaine qu’il a salué après avoir interprété « Jet » par ces simples mots dans la langue de Réjean Ducharme et de Tremblay: « Bonsoir les Québécois. Bonsoir toute la gang« . Un peu plus tard, il nous a simplement dit « C’est ma première visite à Québec« .

Dans la deuxième partie du spectacle presqu’entièrement composée de chansons des « Beatles », il a salué George en interprétant « Something« , et surtout John en introduisant  sa chanson « A day in the life (I read the news today…) » par cette phrase en français » Je dédie la prochaine chanson à mon ami John », laquelle  fut suivie par un endiablé « Give peace a chance« , joli clin d’oeil au Québec, quand on sait qu’elle fut créée à Montréal, par John Lennon et Yoko au cours d’un célèbre bed-in. La foule entonnait avec un enthousiame et un plaisir évident les paroles « beatles »… « Penny Lane », « Back in the USSR« , ont suivi de peu « Black bird » et « Eleonor Rigby« …etc.    Il a présenté « Michelle« , la seule chanson beatle comportant des mots en français, simplement en disant « Cette chanson, elle est pour vous« .

Un « Birthday » énergique a suivi sa dédicace en français « Cette chanson est pour une dame qui a 400ans. Bonne fête Québec« .   Puis un peu après nous avons eu droit à une interprétation James bondesque  de « Live and let die » que je vous invite à visionner        ( http://www.youtube.com/watch?v=Wn2kYVO015U )

Son spectacle se terminait « Let it be » et surtout « Hey Jude » où il a encouragé la foule à chanter avec lui. (« S’il vous plaît chantez avec moi« . La foule immense s’est volontiers muée en chorale.

http://www.youtube.com/watch?v=0XN0Ji5_HZQ

mccartney drapeau quebec.1216653336.jpg

– McCartney, rappels à Québec

Pour son premier rappel, il est revenu sur la scène en brandissant un immense drapeau du Québec, ce qui a réjoui la foule… puis s’assoyant à son piano, il dit  en français « Oh Québec, je t’aime« .

(    http://www.youtube.com/watch?v=rpEAlcoPugs      )

Comme l’a indiqué Daniel Gélinas, directeur général de la Société du 400e, c’est Mc Cartney qui a eu l’idée de défiler sur scène avec un drapeau du Québec et qui a demandé que l’organisation lui en fournisse un, et un géant comme nous pouvons le constater, car la Société du 400e  cache ce symbole national.

Puis Paul assis au piano a chanté « Lady Madonna« , revenant à la guitare c’est « Get Back » qui a suivi …… et il est effectivement revenu pour un second rappel. Cette fois il a revêtu un gilet où QUÉBEC était écrit.  Il a alors interprété « I saw her standing there« , « Yesterday » (lien vidéoclip plus bas), puis « Sergeant Pepper.… ».  Foule enthousiaste que les organisateurs estimaient à plus de 250 000 , soit plus de 120 000 orientés vers la scène et plus de 120 000 supplémentaires autour de 7 écrans géants…(cela ne tient pas compte des gens présents à Lévis où étaient installés des écrans géants). Spectacle mémorable, soirée réussie au-delà des espérances.

En première partie, beaucoup moins de chansons beatle… mais tout de même  » Baby you can drive my car« , « Long and winding road »  et « All my lovin » entre autres. Il a aussi salué Linda, sa femme aimée…. « my love ».

McCartney dans Québec

Pour les intéressés voici un petit vidéo tourné par l’équipe de McCartney. Nous voyons son arrivée à Québec, son parcours vers le Château Frontenac (hôtel) le samedi et  ses répétitions sur la scène des Plaines d’Abraham. Paul le Beatle a beaucoup apprécié sa fin de semaine en Amérique du Nord, car combiné à sa participation au spectacle de vendredi au Shae Stadium, de New York, il a qualifié cette fin de semaine de « mother of all weekends ».

http://www.paulmccartney.com/news.php#1414/2008-07

mccartney piano.1216653302.jpg

Avec Céline qui s’en vient ainsi que le méga spectacle franco-québécois qui suivra deux jours plus tard, avec aussi le grand karaoké d’il y a cinq jours sur les plaines,  l’organisation du 400e devrait tenter d’attirer Shakira, la Colombienne, ou Carlos Santana, le Mexicain, pour ajouter une teinte de cette troisième langue des Amériques, l’espagnol. « Québec en Amériques » ce n’est pas qu’une histoire qui se résume à francophones, anglophones… il y aussi les hispanophones, lusophones et toutes les langues amérindiennes.

Dans mon prochain billet je vous raconte à propos de la fête de l’amitié amérindienne, du pow wow de Wendake et des langues amérindiennes. La langue n’est pas un outil, ou une chemise. La langue influe sur la manière de penser, sur la manière de concevoir le monde.  J’y ferai aussi une petite référence à Janis Joplin et aux « sonorités du Levant ».

Mais en ce dimanche soir de juillet Paul le Beatle a offert un spectacle mémorable qui place Québec sur la planète musique. De plus  il a salué à sa manière et avec respect l’existence de la langue française et de la nation québécoise en Amérique.

En terminant Paul qui interprète « Yesterday », suivi de quelques anecdotes autour de ce spectacle ainsi que d’un texte brillant de Christian Rioux qui parle des 2 derniers spectacles de McCartney celui de Kiev et celui de Québec.

http://www.youtube.com/watch?v=cD7-zKceTjY&feature=related )

mccartney-400-coeur.1216653379.jpg

McCartney remercie la foule de Québec qui l’ovationne.

À bien y penser la petite contreversette ayant précédé le spectacle de Paul le Beatle, a permis à nombre de personnes de découvrir qu’il y avait en Amérique, au Québec, un peuple, une nation fragile qui oeuvrait en français… depuis 400 ans.

____________________________________________________

De Kiev à Québec:

McCartney le seul artiste à brandir le drapeau du Québec

    par Christian Rioux, Le Devoir, 25 juillet A3   (extrait)
«  » » » » » » » » » »Quel est le seul artiste qui est monté sur scène en brandissant un drapeau québécois depuis le début de ces fêtes du 400e anniversaire de Québec?

Non, ce n’est pas Gilles Vigneault, ni Loco Locass, ni un chanteur de Mes Aïeux. C’est tout simplement Paul McCartney. Dimanche dernier, l’ancien Beatle a traversé la scène en brandissant un énorme drapeau du Québec avant de crier: «Québec, je t’aime!» Si la photo n’a pas fait la une de la presse, c’est probablement à cause de l’heure de tombée, l’événement s’étant produit en rappel à la toute fin du spectacle.

En venant chanter sur les plaines d’Abraham, Paul McCartney aura posé un geste symbolique tel qu’aucun artiste ni aucun responsable politique n’en a posé depuis le début de ces célébrations, dont chaque détail semble réglé par un traité de non-prolifération nucléaire signé à l’époque de la guerre froide. Alors que les Fêtes du 400e anniversaire de Québec ont systématiquement fait disparaître le fleurdelisée, il fallait probablement s’appeler McCartney pour mettre la diplomatie canadienne de côté et le brandir à bout de bras, renvoyant à leurs livres d’histoire tous ceux qui prétendent, comme le premier ministre Stephen Harper, que l’arrivée de Champlain en 1608 marque la «fondation de l’État canadien».

Sir Paul n’est pas un ignare. Il faut en déduire qu’il a instinctivement compris, lui, que cet anniversaire était moins celui du Canada que celui du Québec et de l’Amérique française. D’ailleurs, chacun est en mesure de constater que le 400e anniversaire de Québec a été plus fêté à Paris, Lyon et Bordeaux, où l’on n’a pas craint de hisser partout le drapeau québécois, qu’à Toronto, Edmonton et Winnipeg, où l’on attend encore qu’il se passe quelque chose.

Sir McCartney, qui donnera bientôt un concert en Israël, n’est pas un analphabète en politique. Il savait que la politesse élémentaire exigeait qu’il salue la population qui l’avait invité et qu’il communie à sa ferveur. C’est ce qu’il avait fait à Kiev, capitale de l’Ukraine, un mois plus tôt, où il avait donné un concert appelé «concert de l’indépendance» organisé sur la place du même nom, haut lieu de la révolution orange de 2004.

Le concert de Québec fut une réplique presque à l’identique de celui de Kiev, la pluie en moins. Dans la capitale ukrainienne, au moment du rappel, McCartney était revenu sur scène avec un drapeau ukrainien. Il n’avait pas craint de s’associer au sentiment patriotique de cette jeune république née en 1991 après des années de domination soviétique et encore menacée par son influent voisin russe.

Sur les plaines d’Abraham, McCartney a fait sensiblement la même chose. Il a même revêtu une veste aux couleurs du Québec pour chanter Yesterday. Il n’est certes pas question de peindre l’ancien Beatle en nationaliste québécois. Notons simplement que, entre les drapeaux canadien et québécois, Paul McCartney a très bien compris lequel exprimait le mieux le sens de la fête. «  » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »